Bonjour à toi,

S’autoriser à dire sa vérité, c’est (entre autres) s’exposer à se déplaire.

Être honnête avec soi fait émerger en nous des traits de caractère, des pensées, des façons de réagir, des blocages, des habitudes, qui ne sont pas tous raccords avec l’image que l’on a de soi ou l’idéal que l’on espère pour soi.

Exemple :

Quand je suis connectée à la réalité/vérité de ce qui se passe en moi selon moi (on est bien d’accord que la notion de vérité est ici subjective), je vois qu’il y a beaucoup de colères non exprimées en moi.

Plus je laisse ces colères s’exprimer en moi, plus je les laisse émerger en moi, plus je suis mal à l’aise.

Pourquoi ?

Parce que j’ai beaucoup d’opinions sur le fait d’être en colère, comme :

mais enfin de quel droit ?”

“pour qui te prends-tu ?”

“tu n’es pas généreuse”

“tu es égoïste”

“de toutes façons ça ne sert à rien d’être en colère parce que tu vas tout garder pour toi”

“tu es capricieuse, tu veux que tout le monde fasse comme tu veux”.

J’ai aussi beaucoup d’opinions sur les gens en colère :

“elle devrait se focaliser sur le bon/le bien des choses, des gens”

“quel égoïste”

“il va traumatiser les autres”

Et je ne trouve pas ça “bien” de ma part de penser tout cela.

Aller rencontrer ce que je pense de la colère, la mienne et celle des autres, me déplait.

Je n’ai pas envie de me voir penser cela. 

J’aimerais (ou plutôt : une part de moi aimerait) être un être angélique qui a le sourire sur les lèvres en toute situation, qui ne ressent qu’amour, compassion, béatitude, extase !! (je vois bien ici l’archétype de la Mystique dont je vous ai déjà parlé).

Patatras, voici que me dire ma vérité me montre une Florence qui n’est pas idéale. Du tout.

En plus, voici qu’apparaît à ma conscience en vous écrivant que je distingue les hommes en colère (ils sont dangereux, il faut s’en protéger, ils sont malades, ils détruisent), des femmes en colère (elles exagèrent, elles sont égoïstes, elles ont le coeur dur, elles ne protègent pas les leurs, elles créent le conflit, elles foutent la merde (oui mon cerveau me propose parfois des phrases carrément pas polies).

Je prends note de cela en moi, de ces croyances profondes que mes mots expriment, telles que : 

on doit se protéger des hommes et ce sont les femmes qui assurent cette protection.

les hommes en colère sont malades

les femmes en colère sont égoïstes

mon rapport à ma colère est lié à mes croyances sur comment une femme doit se comporter, il est genré.

Oh la la, non seulement je ne suis pas un Ange mais en plus mes pensées sont nourries de croyances qui me hérissent le poil et me font presque honte. 

D’autres pensées arrivent, qui m’invitent à me déplaire encore plus !

“Quoi ? j’en suis encore là, à avoir de telles croyances rétrogrades ?”

La pression en moi devient forte.

Alors hop je rejoins mon poste préféré : celui d’observatrice aimante.

De là, un peu distanciée, compassion sur ON, je laisse mon cerveau me partager toutes sortes de pensées.

Je laisse mon corps manifester toutes sortes de réactions et je l’écoute : là j’ai un peu mal à la tête, j’ai soif, je me sens un peu oppressée, le bruit de l’extérieur qui entre par la fenêtre ouverte de mon bureau me semble être une agression pénible.

OK, je laisse cours à mes impulsions physiologiques : je bois un peu, je vais fermer la fenêtre, je m’étire, je prends le roll-on d’huiles essentielles Tête et Tempes que mon aînée m’a récemment offert, je prends le temps de respirer amplement, de reprendre contact avec mon environnement immédiat, je souris car ma plus jeune fille chante à côté, je ressens la paix d’avoir vu mon mari avec ses bonsaïs dans le jardin en allant fermer ma fenêtre, la sécurité de mon bureau.

Mon système nerveux s’apaise. Mes pensées aussi, si cela est possible.

Tout doucement, à mon rythme, je prends de la distance et la pression s’atténue.

Je m’installe là où je suis vraiment : dans ma posture d’observatrice de ce qui m’apparaît.

De ce point de vue distancié, je me rappelle que je ne suis pas mes pensées, mes croyances, mes réactions, mes habitudes, mes blocages.

Je suis PLUS que cela. Plus que la somme de tout cela.

Je suis un être qui a l’aptitude à prendre conscience de ce qui se passe en elle, pour elle, selon elle.

Grâce à cette conscience et à cette distance entre la moi qui observe ce qui m’apparaît (de moi en l’occurence) et la moi qui est en plein dans la mêlée et qui se juge de ses propres pensées, émotions, réactions, j’ai un espace qui me permet d’agir au mieux de mon équilibre et de mes besoins.

Un espace dans lequel observer mes pensées et réactions.

Dans cet espace, je pourrai ensuite, si je le décide, travailler à questionner ce que j’observe (que se passe-t-il exactement ? est-ce vrai ? cela me convient-il ? qui serai-je si je pensais/réagissais autrement etc.).

Dans cet espace, je pourrai ensuite, si je le souhaite, trouver des alternatives, des options pour changer de pensée, de croyance, d’habitude, de comportement, de réaction, si je le souhaite.

Et je pourrai aussi ne rien faire d’autre que prendre acte.

Je peux totalement me satisfaire de ce que je fais ici et maintenant : Être présente à ce qui se passe en moi.

Me rappeler à moi-même que tout ce qui se passe en moi a ses raisons d’être, que mon corps est merveilleusement intelligent pour assurer ma survie, mon plaisir et protéger mon énergie.

Me rappeler que je suis soutenue, par la Terre Mère, par les éléments, par mon mari, par nos enfants, quoi qu’il arrive.

Me rappeler que je suis en sécurité dans ce bureau que j’aime tant, dans ce village que j’aime tant.

Que c’est profondément et sincèrement OK que je pense tout ça et que je ressente tout ça ici et maintenant.

Et quand j’aurais envie, le courage, la nécessité, d’aller rencontrer ce que je pense et ressens à nouveau pour aller le travailler (l’interroger et le changer peut-être, si je veux), je le ferai.

Un pas à la fois.

D’abord : observer.

Me dire ma vérité et prendre le risque de me déplaire.

Le magique de cela ? Par le seul fait de m’autoriser à observer sans rien faire de plus ou d’autre qu’observer, d’être présente à ce qui est, j’envoie à tout mon être des signaux d’apaisement, de sécurité, de sérénité.

Mes pensées sur la colère perdent de leur mordant, ma honte disparaît, la joie d’avoir identifié certaines racines de ma résistance à la colère s’exprime en moi.

L’espace que j’ai ainsi laissé se créer entre moi dans la mêlée de mes pensées etc. et moi observatrice de ce qui se passe en moi, prend de l’ampleur et nourrit ma sérénité.

Tout va bien, ma Flo, me dit cet espace. Tu n’es pas en danger, tu peux te détendre.

Je ressens de l’allégement, de l’espoir. Je sais qu’en temps utiles tout ceci me donnera énergie et ressources pour me proposer d’autres façons de voir, pour rééquilibrer ma perception de la colère, cesser de la genrer, m’autoriser à dire ma colère aux autres, et bien plus encore.

Oui des gens sont en colère, oui tu as des colères. Oui tu pourras aller rencontrer tout cela et agir “contre” ou “pour”.

Mais d’abord : Observe et autorise ce qui est.

Je t’embrasse

Florence

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