Corporaliser ses espaces intérieurs

Lettre Pour Etre Soi n°44 – 12 février 2020

Courageusement, progressivement, avec la plus grande des bienveillances, vous avez décidé d’éclairer tout ce que votre regard intérieur vous laisse entrevoir de vous-même.

C’est important : il s’agit de ce qui vous constitue au plus intime et au plus essentiel, du matériau de construction que vous employez, au moment présent, pour chaque minute de votre vie.

Il s’agit d’ouvrir votre cœur et votre conscience à tout ce qui se déroule, se joue, s’exprime, se manifeste en vous. A ce qui est, quoi que vous puissiez avoir envie d’en penser ou d’y changer.

Et c’est très compliqué.

Nous sommes noyé·e·s jour après jour, heure après heure, dans un vacarme intérieur et/ou extérieur d’injonctions, distractions, croyances, sons, etc. qui n’a de cesse de nous détourner de notre identité fondamentale.

Fais ceci. Ne dis pas cela. Dis ceci. Ne fais pas cela. Regarde moi. Ne te regarde pas. Tu te trompes. Ça se saurait si tu avais raison. Ne fais pas de vagues. Tais-toi. Vite, vite. Pas maintenant. Ça y est c’est fichu. Mais quel·le nul·le.”

Il nous faut sans cesse remettre à leur place (à l’extérieur de notre être, de notre monde) ces énergies sirènes qui nous divertissent de nous-même et chantent pour mieux faire de nous leurs prisonnier·e·s.

Pour cela, corporaliser nos espaces intérieurs est très aidant, selon ma propre expérience.

Par ces mots, je veux dire localiser en nous, dans des zones de notre corps, comme on le ferait d’un organe :

  • l’espace dans lequel on entend ses pensées (un espace souvent tumultueux, dans lequel les mots et jugements se bousculent) ;
  • l’espace au creux duquel s’exprime notre intuition, notre voix intérieure, notre âme (un espace serein, assuré, sans jugement, dans lequel il semble que des “vérités” sans âge nous parviennent) ;
  • les lieux des ressentis corporels du moment (tous ces lieux où l’on ressent au moment présent, une tension, une douleur, une crispation ou un bien-être, un relâchement, du plaisir).

Exemple :

  • Je m’entends en ce moment précis penser “Est-ce que ce que j’écris véhicule clairement ce que je veux exprimer ? Mes mots sont-ils les bons ?” et le lieu de cette pensée est ma tête et plus précisément derrière mon front, en haut de mon crâne.
  • J’entends aussi clairement ma voix intérieure (celle que j’appelle la voix de mon âme) me dire “écris en confiance, ce qu’il t’importe de transmettre le sera”, et cette fois-ci c’est du milieu de mon abdomen, dans une zone que je perçois comme une cavité assez large, ample, derrière mon nombril ;
  • Je sens mon épaule droite et mon avant-bras droit un peu raides, un point un peu douloureux du côté droit de la base de mon cou. Ma respiration est abdominale ample et agréable, ma concentration sur ce que je vous écris à l’instant met en arrière-plan les autres signaux/expressions de mon corps, qui me semble donc se porter très bien.

Grâce à ces localisations concrètes dans trois différentes zones de mon corps, je donne mieux corps à ces données abstraites et subjectives que sont 1) ce que je pense, 2) ce que j’entends en moi et 3) ce que je ressens physiquement au moment précis où je m’y intéresse.

Cela me permet de tenir compte plus aisément de ces messages intérieurs, d’être moins tentée de les balayer d’un revers de mon esprit.

Cela me permet de visualiser physiquement trois zones de ma vie intérieure : celle de mes pensées, celle de mon âme ou être profond et celles de mes ressentis du corps.

Aussi est-il bien ancré en moi désormais que je ne suis pas que mes pensées, mon âme ou un corps physique. Je suis tout ceci à la fois (et probablement plus encore).

Et cela me permet, lorsque l’une de ces trois zones d’expression de moi-même (ma tête, mes “tripes”, mon corps physique) mobilise tellement mon attention que j’en oublie mes autres dimensions, de rapidement ré-équilibrer en allant voir et écouter ce qui se passe dans les autres zones.

Ainsi par exemple, quand “ma tête” s’emballe (pléthore de pensées, mental dominant), ou quand “mon corps” se manifeste si fort que je n’entends plus les autres messages de mon être, je peux et je sais diriger mon attention là où s’entend en moi ma voix intérieure.

Je peux me connecter à chacune des dimensions de moi-même.

Et mieux percevoir tout le reste comme extérieur à moi, non moi.

M’étant ainsi mieux définie, identifiée, il m’est plus facile de laisser ou remettre hors de mon monde le vacarme extérieur ou intérieur qui ne m’est en rien utile pour vivre ma vie.

Pour aller plus loin

La méditation est un outil extraordinaire pour identifier le lieu de son âme, le point ou la zone du corps où notre âme s’exprime en nous. Ce lieu est précieux car il est indifférent aux injonctions extérieures, à ce qui “doit” ou “ne doit pas” être. Il est le lieu de notre être profond, le meilleur guide qui soit pour être pleinement et justement soi.

Je vous propose d’essayer avec cette méditation de pleine conscience dirigée par Christophe André : sentez combien un espace intérieur s’ouvre en vous à l’écoute de la belle voix calme et profonde de Christophe André. Où se situe cet espace ? C’est là que se situe la chambre de votre âme, de votre être profond.

Corporalisez ce lieu, allez le visiter encore et encore jusqu’à ce qu’il soit en vous aussi réel qu’un bras ou que votre cœur, qu’il vous soit aussi aisé d’aller le consulter que d’ouvrir votre boîte mail pour y lire les derniers messages que le monde extérieur vous a adressé.

Cette lettre a été envoyée par mail aux abonné·e·s du site Le droit d’Etre moi. N’hésitez pas à vous abonner également pour être informé·e sans faute de ce qui est publié ici et de mon actualité et mes offres.

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