La face cachée du plaisir

Lettre et Vidéo pour Etre Soi n° 50 – 25 mars 2020

En ces temps inhabituels, éprouvants physiquement et psychiquement, nous sommes nombreux à multiplier ce que nous pourrions appeler des “petits plaisirs”, qu’ordinaire nous nous “accordons” (un peu ou beaucoup) moins.

Pâtisseries, tartines garnies, pizzas, bonbons, télé ou autre écran, longue navigation sur les réseaux sociaux, journées sans structure, verres de vin bus en mode “auto-pilote”, etc.

C’est très important de ressentir du plaisir, et très humain.

Le plaisir est lié à des actions, situations, personnes, choses que notre cerveau interprète comme agréables, positives, non nocives.

Comme le cerveau de chacun d’entre nous est unique, chacun de nous a une expérience du plaisir originale, selon ce que son cerveau pense des messages qu’il reçoit et analyse.

Ce plaisir joue différentes fonctions dans un système cérébral plus vaste appelé circuit de la récompense.

Ce circuit implique notamment une hormone, la dopamine.

La dopamine est un neurotransmetteur, c’est-à-dire qu’elle transmet des informations entre les neurones. C’est par elle qu’est perçu le signal “chose positive”, “situation agréable”, ce qui conduit à un encodage dans notre mémoire et des réactions émotionnelles et corporelles qui invitent à recommencer l’acte à l’origine du plaisir.

Nous aimons bien stimuler notre circuit de la récompense avec notre panoplie d’activateurs de choix : drogues, tabac, alcool, nourriture, activité sportive extrême, activité sexuelle intense etc.

Tout ce qui est source de sucres, notamment, nous plaît beaucoup : notre corps a un besoin vital de glucose, si bien que notre cerveau est toujours ravi quand nous mangeons des aliments dont la digestion nous apporte ledit glucose. Il traduit cela comme : « Source d’énergie ==> plaisir ==> recommencez s’il vous plait !”.

L’industrie l’a bien compris. Bon nombre aliments aujourd’hui proposés en quantité et faible prix stimulent intensément ce circuit de la récompense.

La face cachée du plaisir est qu’un (af)flux chronique de dopamine vers les mêmes neurones est un processus destructeur : il faut toujours plus de dopamine pour obtenir un même degré de plaisir, les « doses » de ce qui est analysé comme une source de plaisir doivent sans cesse augmenter et certaines cellules du cerveau sont détruites chemin faisant.

Le message de besoin physiologique devient si puissant qu’il paraît impossible de ne pas y céder. Manger ce paquet de biscuits, fumer cette cigarette, regarder son compte Instagram devient nécessité impérieuse. Ne pas pouvoir le faire est perçu comme stress et danger.

Le plaisir peut alors devenir dépendance, addiction, source de souffrance.

C’est là sa face cachée, qu’il me semble important de connaître et d’éviter autant que faire se peut.

Heureusement, le cerveau remodèle ses connexions en permanence (neuroplasticité) : nous pouvons reconfigurer notre circuit de la récompense.

Voici quelques pistes pour reconfigurer ce circuit.

  • Renouer avec le fait que l’on mange pour se nourrir (carburant vital), pas pour se faire plaisir – cela n’exclut pas le plaisir en mangeant, mais de façon secondaire (oui je sais, cela paraît très compliqué, voire absurde, mais je vous assure que c’est clé et possible!)
  • Identifier quand un plaisir ne nous fait pas ou plus de bien, qu’il n’est plus source de joie voire qu’il est source de souffrance.
  • Ne pas négliger les aliments riches en tyrosine, précurseur de la dopamine : notre corps a tout de même besoin d’une quantité suffisante de dopamine pour fonctionner agréablement, et ces aliments vont la promouvoir sans excès : amandes, avocats, bananes, betteraves, choux, thé vert, fèves, arachides, graines de sésames et de citrouilles, curcuma[1].
  • Stimuler la sérotonine, dite hormone du bonheur, non destructrice, équilibrante, grâce, par exemple à :  

– de l’exercice sans excès ;

– un sommeil réparateur

– des relations (avec des humains, des animaux, la nature etc.) qui nous apaisent, nous font du bien, nous « nourrissent » ;

– l’évitement des relations sociales qui nous stressent, nous vident de notre énergie, nous « dévorent » ;

– toutes sortes de choses qui font du bien (massage, cuisine, photo, musique, lecture, promenade, yoga, sexualité, etc) à condition que ce soit sans excès, frénésie ou addiction ; 

– Méditer, se connecter à sa Source.

[1] Source : https://portage.ca/fr/blogue/9-facons-daugmenter-naturellement-dopamine-mieux-resister-aux-drogues-a-lalcool/ Pour aller plus loin

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Je fais actuellement le choix de poursuivre mes Lettres pour Etre Soi hebdomadaires ainsi que mon activité d’accompagnement personnalisé pour vous aider à rester connecté·e·s à votre source intérieure de calme, d’auto-régulation, et vous aider à atténuer votre anxiété. Je suis à votre disposition pour vous aider à rester connecté·e ou renouer avec la joie.

Prenez bon soin de vous, quelles que soient les formes que cela revêt pour vous.  Florence

Pour écouter cette lettre, cliquez sur l’image ci-dessous.

Je vous la lis sans fard, telle que je suis.

Merci à ma fille Héloïse pour la mise en forme et la musique

♥♥ (Transition de Terje Rypdal) ♥♥

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