Lettre pour Etre soi n° 36 – 23 Octobre 2019

Cela nous arrive souvent de reporter une action à plus tard, avec l’idée que maintenant, ce n’est pas “le bon moment” et que plus tard, au temps T, ce sera “le bon moment”.

Nous avons bien raison toutes les fois où “pas le bon moment” est en lien avec une donnée objective.

Ainsi par exemple lorsque :

  • nous n’appelons pas de suite une personne car nous la savons en rendez-vous  ;
  • nous ne nous rendons pas à l’aéroport parce que notre vol ne décolle que dans 3 jours ;
  • nous renonçons à acheter un objet parce que notre compte en banque n’est pas assez provisionné ;
  • nous annulons une séance de sport parce que nous souffrons d’une grosse entorse ;
  • nous reportons la diffusion d’un article en cours d’écriture car nous avons conscience qu’objectivement tout un pan de notre réflexion ne tient pas debout.

C’est en revanche risqué quand il n’existe aucune donnée objective qui justifie de reporter notre action à plus tard, voire (on parle alors de procrastination) lorsque nous avons bien conscience que cela va nous nuire de ne pas agir maintenant.

Le bon moment n’existera pas plus tout à l’heure, demain, ou après-demain qu’il n’a existé hier ou avant-hier.

Le “bon moment”, sans support objectif, n’est qu’une vue de l’esprit, éternellement devant nous.

Ce “bon moment” attendu est une perte d’énergie illusoire.

Notre énergie sera perdue demain, lorsque l’urgence nous fera agir avec une concentration et une tension élevées. Peut-être que la tâche ainsi réalisée sous pression sera de meilleure qualité que celle que nous aurions achevée la veille tranquillement, mais à quel prix pour notre corps, notre sérénité, notre présence à soi et aux autres ?  Sans compter l’énergie qu’il nous faudra pour gérer les conséquences du délai que nous nous sommes donnés pour agir.

Notre énergie est également perdue maintenant. A l’instant présent qui souvent n’est mobilisé pour rien de ce qui compte vraiment pour nous, et que nous laissons filer entre nos mains comme du sable.

Ce temps et cette énergie sont mobilisés non pas à “faire rien“, à “être”, ce qui au contraire est ressourçant, mais pour des choses qui ne nous nourrissent pas, ne nous éveillent pas, ne nous mettent pas le sourire aux lèvres et le cœur en joie, voire nous mettent une bonne dose de négativité et de frustration à l’esprit, tout en fatigant le corps.

C’est illusoire car il existera toujours un “meilleur moment” plus tard, un “bon moment” différent.
Le bon moment quand on pense à agir, c’est maintenant.

Pour aller plus loin

Les éléments objectifs suivants, à regarder sans jugement (de soi et de ceux chez qui nous croyons les voir) car chacun de nous fait de son mieux et rien n’est immuable, ont pu être identifiés comme favorisant le fait d’avoir du mal à agir maintenant et de souvent reporter au “bon moment”, même lorsque l’on a conscience que cela nous dessert : tendance aux ruminations intérieures, surestimation des difficultés, manque de sommeil, utilisation importante des réseaux sociaux, alimentation inadaptée à ses besoins et tolérances personnelles, enfermement dans un contexte émotionnellement toxique, difficultés à communiquer ou à exposer son point de vue en public.

Inversement, les traits suivants, à regarder sans jugement (de soi et de ceux chez qui nous croyons les voir) car chacun de nous fait de son mieux, favorisent l’action effective : extraversion, fait de se fixer des objectifs précis, planification de la réalisation de ses objectifs, une alimentation adaptée à ses besoins et tolérances, aptitude à différer ses plaisirs, sommeil suffisant, activité sportive régulière, acceptation de soi tel·le que l’on est.

Rien n’est immuable. Tout peut se travailler. Il suffit de le décider.

Et le bon moment pour faire ce choix est, bien entendu… maintenant 🙂

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