N’en faites pas une affaire personnelle

Le deuxième accord toltèque présenté par Don Miguel Ruiz dans son petit livre incroyable nous invite à, quoiqu’il arrive, ne pas en faire une affaire personnelle.

Nous nous situons tous, individuellement, au cœur d’un monde, ou d’un rêve comme le nomme Don Miguel Ruiz, : le nôtre.

Ce monde, nous l’avons construit sur une multitude d’accords passés, en fonction de ce que nous avons vécu, de comment nous l’avons interprété, des accords passés par notre entourage significatif, et nous continuons chaque jour, souverainement, à en dessiner les règles et les valeurs.

Mon monde est à nul autre pareil. Je suis seule à le percevoir de la façon dont je le perçois et je suis la seule apte à en déterminer les contours et le contenu.

Votre monde est, à l’identique, unique et singulier et vous y êtes parfaitement souverain·e.

Nous avons pourtant tendance à considérer :

1) que nous sommes cause ou responsable de ce que les autres disent ou font, comme si nous étions le centre et le pilote de leur vie;

Cet enfant dont la mère est épuisée pense que c’est de sa faute et/ou qu’il est de sa responsabilité qu’il en aille autrement.

Ce mari d’une jeune femme dont la joie de vivre semble éteinte est persuadé qu’il aurait du et devrait faire ceci ou cela pour qu’il n’en soit pas ainsi et son catalogue de fautes et de responsabilités ne cesse de s’étoffer.

2) qu’il existe des vérités absolues, indépendantes de celui ou celle qui s’exprime.

Parce que son père lui a répété qu’il n’y a jamais eu de femme peintre géniale et qu’elle a choisi d’y croire, elle n’ose même pas s’inscrire à ce nouveau cours de dessin qui lui fait tant envie. C’est sûr, elle y serait ridicule !

Parce qu’il considère qu’avoir 6 mois de salaires sur son compte d’épargne est un minimum de sécurité, il estime que son ami est irresponsable de vouloir utiliser une part de cet argent pour partir en vacances.

Ce faisant, nous nous accordons une importance qui est fausse.Nous nous croyons aux manettes et au centre de la vie et des actes de l’autre alors que c’est l’autre qui occupe, nécessairement, cette place-là pour lui ou elle-même. De même que nous sommes unique et souverain pilote de notre existence.

Dans le même temps, en croyant qu’il existe des vérités objectives, nous acceptons de tomber dans les pièges émotionnels qui nous sont tendus, voire que nous nous tendons nous-mêmes. Nous donnons notre accord aux “ordures émotionnelles” comme les nomme Don Miguel Ruiz que l’autre déverse ou que nous générons, à la magie noire, et son poison s’infiltre en nous.

Nous oublions que tout ce que nous disons, faisons, nos opinions, résultent des accords que nous avons passés depuis l’enfance et que ce ne sont que les fruits d’un parcours singulier et subjectif qui ne peut pas avoir valeur de “vérité indiscutable” ou de “réalité neutre”.

Nous interprétons tous comme si nous en étions le destinataire, la cible, que tous ont des intentions dirigées vers nous, que tout nous concerne.

Lorsque nous faisons de tout une affaire personnelle, c’est un peu comme si nous considérions que notre monde est le seul qui vaille. Nous ne laissons pas de place aux rêves des autres. Nous avons besoin d’être accepté·e, d’avoir raison et de donner tort à autrui. Notre peur domine. Tout ou presque fait bouillonner en nous des paroles qui ne sont en rien impeccables.

Le ton monte, les cœurs de referment, les regards se font noirs, les poisons se diffusent, tout le monde est malheureux et/ou exaspéré, notre idéal d’un quotidien serein dans lequel chacun respecterait l’autre nous apparaît comme totalement inaccessible. Nous nous sentons vilain petit canard.

Ce n’est pas évident d’en sortir car nous avons “un certain degré de dépendance à un certain niveau de souffrance et nous nous encourageons les uns les autres à entretenir ces dépendances.” (p. 70)

Mais la bonne nouvelle est qu’il est libre à nous qu’il en aille autrement ! 

Il ne tient qu’à moi d’accepter que je ne suis aucunement responsable de ce que les autres font. Leurs actions ne dépendent d’eux-mêmes et je ne suis responsable que de moi-même.

Il ne tient qu’à moi de convenir que chacun de nous vit dans un monde qui lui est propre et qui a autant de légitimité que le mien. Je n’ai pas besoin de comparer ces mondes, d’accepter ou d’imposer que l’un ou l’autre soit dominant. Je peux être en paix tout en acceptant cette multitude infinie de mondes uniques et en prenant la pleine mesure du fait que je suis la reine ou le roi de mon monde.

Lorsque, quoi qu’il arrive, je n’en fais pas une affaire personnelle, “ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c’est votre problème, pas le mien. C’est votre façon de voir le monde. Cela ne me touche pas personnellement, parce que vous n’êtes confronté qu’à vous-mêmes, pas à moi. D’autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances ; donc, ce qu’ils pensent de moi ne concerne pas vraiment ma personne, mais eux-mêmes.” (p. 66)

Si ce que je vous dis vous blesse, “ce sont vos propres plaies intérieures qui réagissent lorsqu’elles sont touchées par mes propos. Vous vous blessez vous-mêmes. Je ne peux en aucune manière prendre vos reproches personnellement. Ce n’est pas que je ne croie pas en vous ou que je ne vous fasse pas confiance, mais je sais que vous voyez le monde avec d’autres yeux que les miens, avec vos yeux. Vous créez toute une scène, tout un film dans votre esprit, dont vous êtes le metteur en scène, le producteur et l’acteur ou l’actrice principal(e). Tous les autres n’ont que des seconds rôles. C’est votre film” (p. 67).

N.B : Cet accord, comme les suivants, découle du premier : le choix d’une parole impeccable. Le qualificatif “impeccable” signifie “sans péché” et évoque le christianisme, mais il n’en est rien pour les toltèques. Pour eux, impeccable signifie intègre, sincère, qui ne nuit pas.

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