Ne faites pas de suppositions

Le troisième accord toltèque présenté par Don Miguel Ruiz dans son petit livre incroyable nous invite à ne pas faire de suppositions.

Nous faisons des suppositions à propos de tout : de nous-même et des autres.

Nous nous supposons capable ou incapable de ceci ou de cela.

Nous prêtons des intentions aux autres.

Nous imaginons les motifs de leurs actions ou inactions.

Nous en tirons toutes sortes de conclusions.

Il est rare que nous osions demander : “Excuse-moi, je n’ai pas compris pourquoi tu m’as dit cela, peux-tu m’exposer ton point de vue s’il te plaît ?”

Nous avons peur de poser des questions.

Nous ne disons pas non plus “Quand vous avez telle attitude, c’est tellement délicieux, ça c’est de l’amour pour moi ! “

Notre monde est construit sur l’accord selon lequel les autres pensent, jugent et ressentent comme nous : à quoi bon exprimer l’évidence ?

Ainsi, nous (sur)interprétons plus souvent qu’à notre tour tout ce qui se passe ou ne se passe pas dans notre journée, sans interroger l’utilité de nos grilles de lecture du monde par défaut, sans poser de questions, souvent inconsciemment.

C’est pourtant là une source de poison émotionnel.

Envers nous-même quand la conclusion de nos ruminations nous semble (ô si souvent…) nous mettre en défaut. Envers les autres quand c’est eux·elles qui n’ont “pas fait ceci alors que…”, “dit cela alors que…”

Comme on a peur de demander des explications, on prête des intentions à autrui, on fait des suppositions que l’on croit être vraies ; puis, on défend ces suppositions et on donne tort à l’autre.”

De ce poison naissent des drames.

Des mots plus durs les uns que les autres à notre propre égard : 1001 fois nous nous jugeons intérieurement comme n’étant “pas à la hauteur”.

Des médisances colportées sur les autres : 1001 fois nous les estimons “ne pas être/faire/dire comme il·elle·s devraient” et nous le faisons savoir.

Tout cela nous fait perdre une énorme énergie et ne nourrit pas un monde apaisé et confiant.

Aussi, nous recommande Don Miguel Ruiz, posons des questions.

Vérifiez que vos communications soient claires. Si vous ne comprenez pas, demandez. Ayez le courage de poser des questions jusqu’à ce que tout soit aussi clair que possible, et même alors, ne pensez pas que vous savez tout ce qu’il y a à savoir sur telle situation.”

Ainsi la communication sera claire, sans poison émotionnel, et votre parole pourra être impeccable.

Pour aller plus loin

Faire sien ce troisième accord toltèque suppose de prendre conscience de deux points supplémentaires :

  • En réponse à une question, chacun·e a le droit de dire oui ou non. Vous avez le droit et tous les autres ont le droit. Quand on n’en a pas l’habitude, que l’on est encore dans l’habitude de juger la réponse qui nous est donnée ou que nous donnons, c’est étonnamment déstabilisant de se reconnaître et de reconnaître à l’autre ce plein éventail de réponses… C’est un réel travail de cesser de juger, d’être libre et d’accepter la liberté de l’autre.
  • Il est difficile de changer ses habitudes. Il faut les amener à la conscience, comprendre l’importance de ce 3ème accord toltèque, mais “ce qui va vraiment faire la différence, c’est l’action”, prévient Don Miguel Ruiz.

Pour vous aider à prendre conscience, comprendre puis agir, je vous propose de vous poser à vous-même les questions suivantes et à leur donner les réponses les plus précises et honnêtes possibles :

  • Vous arrive-t-il souvent, après un échange verbal qui vous a blessé·e, de demander à votre interlocuteur·trice le fond de sa pensée ? 
  • Auriez-vous peur de paraître bête, lent·e, trop sensible ou autre nom d’oiseau si vous posiez à autrui les questions qui vous brûlent les lèvres ?
  • Préférez-vous ne pas entendre le point de vue de certaines personnes sur certains sujets qui comptent pour vous ?
  • Dites-vous “je préfère ne pas imaginer” en évoquant la réaction d’une personne que vous êtes sûr·e de blesser ou contrarier ?
  • Souffrez-vous de ce que ceux que vous aimez le plus ne devinent ni ne devancent tout ce que vous pensez, ressentez, espérez ?

N.B : Cet accord, comme les suivants, découle du premier : le choix d’une parole impeccable. Le qualificatif “impeccable” signifie “sans péché” et évoque le christianisme, mais il n’en est rien pour les toltèques. Pour eux, impeccable signifie intègre, sincère, qui ne nuit pas.

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